Pourquoi les réseaux sociaux sont devenus leur monde
Si tu as l'impression que ton ado est greffé à son téléphone, c'est normal. Les réseaux sociaux comme TikTok, Snapchat ou Instagram ne sont pas juste des distractions : ce sont leurs espaces sociaux. C'est là qu'ils se construisent, qu'ils s'expriment, qu'ils testent leur identité. Toi, tu avais les journaux intimes et les posters de boys bands. Eux, ils ont les trends, les DM et les filtres. Selon une étude récente de Pew Research, plus de 90 % des adolescents utilisent les réseaux sociaux quotidiennement. Et attention : la majorité ne veut pas qu'on les surveille, mais bien qu'on les comprenne.
Le piège de la surveillance : flicage = blocage
Nombre de parents tombent dans le piège du contrôle absolu. Historique scruté, applications de surveillance, téléphone confisqué à la moindre alerte. Résultat ? L'ado se referme, trouve des astuces pour contourner les règles (vive les comptes secondaires) et vous devenez l'ennemie jurée. Tu veux garder le lien ? Oublie le rôle de flic. Privilégie l'écoute, le respect et la discussion.
- Évite de commenter ses publications en mode "trop chou ton selfie". Tu veux qu'il te bloque ?
- Ne le suis pas partout : laisse-lui un espace à lui.
- Installe une relation de confiance. Pas besoin d'avoir accès à son téléphone s'il sait que tu es là, sans jugement.
Créer une relation de confiance sans être intrusive
La clé, c'est de dédramatiser et de normaliser les échanges autour des réseaux. Pose-lui des questions sincères, sans arrière-pensée.
- "C'est quoi la trend dont tout le monde parle en ce moment ?"
- "Tu pourrais me montrer comment on fait un Reel ?"
- "T'as vu passer ce truc sur TikTok ? T'en penses quoi ?"
Plus tu montres que tu t'intéresses à son univers sans jugement, plus il sera enclin à partager avec toi. C'est comme si tu apprenais une nouvelle langue : celle de ton ado.
Les risques réels : comment en parler sans faire peur
Évidemment, il y a des dangers sur les réseaux sociaux : harcèlement, exposition aux contenus violents, hypersexualisation, fausses informations. Mais en faire une montagne ne sert à rien. Préfère des conversations ponctuelles, calmes, basées sur des faits. Utilise des exemples concrets. Par exemple :
- "Tu savais qu'une fille de 14 ans s'est fait harceler après avoir posté une vidéo sans filtre ? C'est important de réfléchir avant de publier."
- "Il y a eu un challenge dangereux sur TikTok, tu en as entendu parler ? Tu ferais quoi si un pote te poussait à y participer ?"
Tu peux aussi t'appuyer sur des ressources comme e-Enfance ou Internet Sans Crainte pour t'aider à aborder les sujets sensibles.
Partagez des moments… même en ligne
Si tu ne peux pas les battre, rejoins-les (mais pas en traître). Propose des moments numériques ensemble :
- Faire une vidéo ensemble pour rigoler (même si elle ne sera jamais publiée).
- Partager des mèmes ou des vidéos qui te font marrer (attention au cringe).
- Lancer une playlist commune sur Spotify, chacun y met ce qu'il aime.
Tu montres que tu es capable de jouer avec les codes, sans t'imposer. Tu ouvres un espace de complicité, et c'est là que le lien se crée.
Accepter qu'on ne contrôle pas tout (et c'est tant mieux)
Spoiler : tu ne pourras pas tout savoir. Il ou elle t'échappera parfois. Et c'est normal. Ton rôle n'est pas de tout surveiller mais de former un adulte responsable, capable de réfléchir, de choisir, de dire non. Oui, ton ado va peut-être liker un post un peu borderline. Peut-être qu'il va se prendre une claque émotionnelle sur une story. Mais c'est aussi ça, grandir. Et toi, tu es là, juste à côté, pour l'écouter, le guider, sans l'étouffer.
Tu veux des outils concrets ? Voici quelques astuces
- Mettre en place une "charte numérique" familiale : horaires, lieux sans téléphone, règles de publication.
- Utiliser le contrôle parental intelligemment : en expliquant, en co-construisant, pas en imposant.
- Suivre un compte commun (genre "famille") où vous partagez des contenus rigolos ou inspirants.
- Lui faire découvrir des influenceurs positifs : ceux qui parlent de santé mentale, de créativité, de projets solidaires.
En résumé : sois une alliée, pas une juge
Ton ado a besoin de toi. Pas comme contrôleuse de contenu, mais comme repère affectif, comme interlocutrice crédible. Le lien ne se crée pas en checkant son historique, mais en lui donnant confiance en lui… et en toi. Et si un jour il te dit : "Tu sais quoi, j'ai vu un truc chelou sur Insta, j'aimerais t'en parler", alors tu auras tout gagné.