On connaît tous un restaurant "japonais" un peu trop "polyglotte culinaire"
Le restaurant japonais du coin, vous voyez ? Celui avec les grandes lettres rouges "SUSHI WOK GRILLADES", une lanterne en papier et… un buffet à volonté qui sert aussi bien des brochettes yakitori que des nems vietnamiens et des raviolis chinois. Bienvenue dans l'univers fascinant (et parfois absurde) des "restaurants japonais" version européenne !
Un menu qui voyage (trop) loin
Dès qu'on ouvre la carte, c'est le grand écart culinaire.
- Entrée : Soupe miso, nems croustillants ou samossas au bœuf ? Pourquoi choisir !
- Plat principal : Sushi saumon, pad thaï ou canard laqué pékinois ? Bah, on prend tout !
- Dessert : Beignets de banane, perles de coco ou… une mousse au chocolat (?!).
En une soirée, vous avez fait le tour de l'Asie… sans jamais vraiment atterrir au Japon.
Pourquoi cette folie du "japonais pas japonais" ?
Derrière cette mixité culinaire, il y a une raison bien simple : en France (et ailleurs), les restaurants asiatiques doivent souvent ratisser large pour attirer les clients. Un resto 100 % sushi ? Un peu risqué. Mais un buffet "japonais-chinois-vietnamien-thaï" ? Là, on attire tout le quartier ! Et ça marche :
- Les sushi plaisent aux amateurs de fraîcheur.
- Les nems et les rouleaux de printemps rassurent les moins aventureux.
- Le wok vapeur donne une touche "healthy"… ou du moins, ça en a l'air.
Des indices qui ne trompent pas
Alors, comment reconnaître un restaurant "japonais" un peu trop international ? Voici quelques signes qui ne mentent jamais :
- Le mot "buffet à volonté" clignote dès l'entrée.
- La déco oscille entre un Bouddha doré, des fleurs de cerisier en plastique et une fontaine avec des carpes KOI.
- Le chef prépare des sushis… avec des gants en plastique et un rouleau en bambou qui a bien vécu.
- Le riz vinaigré est parfois… du riz nature. Allez, on ne va pas chipoter.
- Le menu propose aussi bien des brochettes boeuf-fromage que des crevettes sauce aigre-douce.
Quand la cuisine fusion devient confusion
Le problème, ce n'est pas vraiment que ces restaurants soient des "imposteurs". Après tout, qui n'aime pas avoir trop de choix ? Le problème, c'est quand la qualité se perd en route… Un vrai sushi, c'est :
- Un riz travaillé, collant et légèrement vinaigré.
- Un poisson ultra-frais (et non un saumon décongelé qui fait la tête).
- Un équilibre subtil entre le riz, le poisson et la touche de wasabi.
Mais dans certains de ces buffets, on a droit à des makis où le riz est froid, le poisson absent et l'algue nori aussi sèche qu'une feuille d'automne.
Le "restaurant japonais" : un phénomène bien français
Ce qu'il faut savoir, c'est que cette mode des restos "japonais multi-cuisines asiatiques" est avant tout un phénomène français (et occidental). Au Japon, cette mixité culinaire serait tout simplement inimaginable. En fait, au Japon :
- Un restaurant fait des sushis. Point.
- Un autre fait des ramen.
- Un autre fait des yakitori.
Chacun son métier, chacun sa spécialité. Pas de buffet où les crevettes sauce piquante côtoient des makis au fromage !
Comment trouver un vrai restaurant japonais ?
Pour les puristes qui veulent une véritable expérience japonaise, quelques astuces simples :
- Le menu est court et centré sur les sushis, sashimis ou ramen (pas de nems ni de riz cantonais).
- Les produits sont frais et préparés à la commande (pas en avance pour garnir un buffet).
- Il y a du thé vert chaud, pas du rosé en pichet.
- Les prix sont un peu plus élevés… mais la qualité est au rendez-vous.
Faut-il boycotter ces restaurants "japonais" polyglottes ?
Honnêtement, non. Parce que, soyons sincères : qui n'a jamais craqué pour un buffet à volonté, où l'on peut manger 12 sushis, 4 nems, 1 bol de nouilles sautées et 2 beignets de banane, le tout pour 15 € ? Ces restos ont un charme particulier, celui du "un peu de tout", où le plaisir n'est pas tant dans l'authenticité que dans la quantité et la diversité.
Conclusion : voyage culinaire ou attrape-touriste ?
Finalement, ces restaurants "japonais" à la sauce internationale, c'est un peu comme une soirée entre potes : ce n'est pas toujours de bon goût, mais c'est réconfortant, amusant et on y retourne, malgré tout. Alors la prochaine fois que vous verrez "SUSHI WOK NEMS RAMEN" écrit en lettres criardes, entrez… mais en sachant que votre voyage culinaire s'arrêtera probablement quelque part entre Hanoï, Bangkok et Pékin. Et pas vraiment à Tokyo !