Le jour où l'algorithme a décidé que j'étais une mamie
Tout a commencé un mardi matin. Café en main, scroll habituel. Et là, entre deux recettes healthy et une vidéo de chaton, je vois ça : "Découvrez nos couches discrètes pour femmes actives souffrant de fuites urinaires". Pardon ?! Une seconde d'arrêt. Je regarde autour de moi, comme si quelqu'un m'espionnait. Est-ce que j’ai cliqué sur un truc bizarre ? Est-ce que j’ai dit 'ménopause' à voix haute ? Est-ce que j’ai googlé 'sensation de pression pelvienne' sans m’en souvenir ?
Quand la pub ciblée te connaît (trop) bien
Bon. Une pub, c’est rien. Mais celle-là, elle fait mal. Parce qu’on sait très bien que les pubs ciblées ne sont jamais totalement au hasard. Elles naissent des datas qu’on sème partout sur internet : recherches Google, abonnements, likes, temps de visionnage… Chaque action est une graine. Et à la fin, ça pousse une pub. Mais alors pourquoi moi ?! J’ai fait le test : j’ai demandé à des copines si ça leur arrivait. Spoiler : oui. Et souvent.
- À 42 ans, Sophie reçoit des pubs pour des soins anti-relâchement du cou.
- À 38 ans, Julie voit passer des messages pour l’assurance décès "à partir de 35 ans".
- Et même Céline, 36 ans, a eu droit à une pub pour un monte-escalier (non, c’est pas une blague).
L'âge cible, ce fléau numérique
Les plateformes savent plus ou moins ton âge. Même si tu triches sur ton profil. Entre ce que tu postes, les mots que tu utilises, les sites que tu consultes et les produits que tu achètes, l’algo fait un profil de toi… parfois plus lucide que toi-même. Tu regardes des vidéos sur le yoga du périnée ? Tu as liké un post sur les sueurs nocturnes ? Tu as cliqué sur un article "10 signes que vous entrez en périménopause" ? Bam. T’es catégorisée.
Et si on arrêtait d’avoir honte ?
Soyons honnêtes : on vit dans un monde où parler de fuites urinaires, de ménopause ou de vieillissement est encore tabou. Et pourtant, c’est la réalité de millions de femmes. Mais voilà : se faire rappeler tout ça par une pub entre deux vidéos de make-up, c’est un peu brutal. Et pourtant…
- 1 femme sur 3 de plus de 40 ans a déjà connu des petites fuites urinaires.
- La ménopause commence souvent dès 45 ans. Parfois avant.
- Notre corps change. Ce n’est ni une défaite ni une honte. C’est un fait.
Alors pourquoi est-ce qu’une pub pour des couches nous file la honte ? Parce qu’on a appris que ce genre de trucs, c’est "pour les vieilles". Et qu’on a encore du mal à se reconnaître dans ce mot.
Marketing + patriarcat = combo explosif
Le marketing adore nous vendre des problèmes qu’on n’a pas (encore), pour mieux nous vendre des solutions. Et souvent, ces pubs ciblées jouent sur nos insécurités les plus profondes :
- Tu commences à avoir des rides ? Crème miracle.
- Tu parles maternité ? Couche pour adulte en embuscade.
- Tu t’intéresses à la santé ? Bienvenue dans le monde de la séniorité anticipée.
Et tout ça, bien sûr, est emballé dans un joli papier rose pastel avec des femmes de 50 ans qui en paraissent 30. L’âge n’est jamais montré tel qu’il est. Il est photoshopé, adouci, faussé.
Ce que ça dit de nous (et pourquoi c'est flippant)
Si tu reçois une pub pour les fuites urinaires, c’est pas que tu sens mauvais. C’est juste que l’algorithme pense que tu es dans la "cible". Mais cette cible, elle se base sur quoi ? Sur des statistiques. Pas sur toi, ta personnalité, ta vie, ton humour, ta puissance. Juste sur des probabilités d’âge, de sexe, de comportement. Et si on refuse de se laisser définir par ça ? Et si on rigolait un bon coup en se disant que la pub ne nous connaît pas tant que ça, au fond ?
La revanche de la meuf de 40 balais
Voici quelques idées pour répondre à ces pubs bien gênantes :
- Cliquer dessus et envoyer un message : "Merci, mais mon périnée va très bien".
- Partager la pub avec tes copines et jouer au jeu : "Quelle pub ciblée chelou as-tu reçue aujourd'hui ?"
- Poster une story : "J’ai reçu une pub pour des couches. Je prends ça comme un compliment : au moins, j’ai encore une vie sociale assez active pour en avoir besoin !"
L’idée, c’est de reprendre le pouvoir sur ces messages qui nous font douter.
Est-ce la fin ? Spoiler : non.
Non, ce n’est pas la fin. C’est juste un chapitre de plus. Oui, on change. Oui, notre corps évolue. Mais ça ne veut pas dire qu’on est périmée. Ce que la pub oublie souvent, c’est que :
- Tu peux porter des couches ET des talons.
- Avoir des fuites ET une vie sexuelle épanouie.
- Être ménopausée ET se sentir plus badass que jamais.
On n'est pas des cases. On est des femmes. Multiples, complexes, puissantes.
Conclusion : rions un peu de tout ça
Oui, c’est chelou de recevoir une pub pour des couches. Oui, ça pique un peu l’égo. Mais au fond, c’est juste une preuve de plus qu’on vit dans un monde qui essaie sans arrêt de nous coller une étiquette. Et si on les laissait faire… tout en rigolant bien fort dans notre coin ? Parce qu’au fond, si tu reçois cette pub, c’est que tu fais encore partie du game. Et ça, c’est plutôt bon signe.